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UN MYSTERE
 BASSAM MISSAOUI 4°S
Un mystère ? Evidemment que c’était un mystère, incroyable mais pourtant vrai ! Imaginez-vous à ma place. Imaginez que vous ne trouvez rien afin de calmer votre faim ni de quoi vous couvrir pour passer une nuit de janvier à la claire lune, sans travail ni logement Probablement, vous essayerez de chercher du boulot. En tout cas, c’est ce que j’ai fait mais en vain.

La vie devenait de plus en plus pénible pour moi, sans que je puisse contrarier le destin. En arrivant à une petite ville du sud tunisien, tard dans la nuit, je m’aperçus qu’il ne me restait qu’un morceau de pain moisi que je portais sur moi. Alors, je me suis dirigé vers une maison dans une étroite rue au bout de la ville. Elle semblait vide. Elle l’était certainement comme toute autre. Personne ne répondait aux coups que je donnais sur la porte ni aux cris que je poussais espérant que quelqu’un m’entendrait et me porterait de l’aide.

Désespéré et presque glacé, je m’étais réfugié dans les ruines d’une maisonnette. Lentement, je fermai les yeux, attendant avec frayeur le matin. Pourvu que je reste sain et sauf jusque-là. Sans doute c’était ces petits rires d’enfants qui me réveillèrent ou peut-être le bruit que produisaient les discussions des femmes et des marchands. Peu importe ! J’étais de nouveau debout entouré de plusieurs gamins qui me dévisageaient avec stupéfaction.

Aussitôt, je fus conduit auprès du sage du village, après l’avoir demandé, par quelques habitants sympathiques mais qui produisaient en moi cette sensation que je ne pouvais expliquer. Certainement un malaise, une crainte, terrible crainte. J’étais devant un petit vieillard bossu, caressant sa longue barbe blanche, cachant sous ses lèvres de mort des dents mal disposées, jaunâtres, effrayantes. Je me crus en face du diable en personne ? Néanmoins, la gentillesse et la bonté de cet homme me firent vite oublier son apparence physique.

Je fus engagé comme gardien. Mon travail consistait à veiller sur les biens et les propriétés du vieux. Rien n’était plus facile. J’étais chargé de rester toute la journée assis sur une confortable chaise, au milieu d’une vaste cabane à regarder les palmeraies et interdisant le passage à quiconque sans l’autorisation de mon maître. Je retrouvai alors ma santé et ma bonne mine. Jamais on n’a été si gentil et serviable avec moi. Jamais je ne me sentis aussi utile et important.

Malgré ces heureux événements, il se passait des choses plutôt bizarres comme la disparition de quelques objets de valeur. Quand j’en parlais au maître, il ne me prêtait pas attention. Je trouvais encore anormal cette irrésistible envie de dormir et ce lourd sommeil qui m’envahissaient dès le coucher du soleil. Je vécus dans cette ville les plus beaux jours de ma vie mais aussi les plus mauvais et les plus terribles.

Un soir, je m’aperçus, en entrant dans la cuisine, que « Lella Zoubeïda » (La femme de mon maître) avait mis un drôle de liquide dans le dîner. Je me suis caché derrière la porte et, à sa sortie, je me suis précipité vers la petite bouteille qu’elle avait cachée dans un tiroir. C’était un somnifère ! Non ! Non ! Impossible ! Sans doute, c’était un colorant ! … Eh ! bien,  non, c’était un somnifère de puissante concentration. On voulait que je dorme tôt. Ceci explique la

cause pour laquelle mon maître refusait toujours de dîner avec moi prétendant qu’il aurait sa part plus tard. Je décidai alors que je ne mangerais rien. Cette nuit-là le chien s’est régalé : il a tout mangé à ma place. Je l’ai vu tomber dans un long et lourd sommeil. Je pouvais à peine ouvrir les yeux puisque je n’avais pas l’habitude de veiller jusqu’à une heure pareille.

Vers minuit, le vieillard vint à ma chambre pour se rassurer que je m’étais endormi. Puis il partit et j’entendis le bruit de la porte extérieure. Je me levai et le suivit à distance. C’était la pleine lune. Un par un, les habitants de la ville sortaient et suivaient les traces jusqu’à un endroit isolé derrière une petite colline où le maître s’était assis. Il commença un long discours que je ne pouvais entendre, à cause de la distance qui me séparait de ces bizarres villageois.

De longues minutes passèrent. Je m’ennuyais de plus en plus ; alors, je décidai d’intervenir et demander ce qui se passait. Heureusement, je renonçai à cette décision car à ce moment même, le vieux poussa un terrible cri tout en regardant la lune qui se cachait peu à peu derrière de sombres nuages. Ma vue se limita alors à quelques mètres devant moi. J’essayais en vain d’apercevoir mes cibles. Soudain brillèrent deux joyaux rouges suspendus dans le vide. Un éclair surgit et je vis ce qui produisit la plus grande frayeur que puisse ressentir un être humain : UN DEMON ! J’eus un choc in descriptible. Moi, qui ne croyais pas à l’existence d’êtres maléfiques, je me trouvais en face de ce monstre ! Un étrange son émis par l’horrible créature, me secoua et je vis les habitants à genoux, les yeux brillants, qui mutaient : Ils se transformèrent en êtres laids, ayant des cornes au niveau de la tête ainsi que sur le dos. Leurs peaux écaillées, de couleur pâle reflétaient la mort.

« Nous l’avons préparé, ô votre grandeur ! disait le vieillard. Il dort dans ma loge. Nous irons le chercher pour satisfaire vos désirs. »

J’en conclus alors qu’ils parlaient de moi et que je serais sacrifié à ce monstre. Je poussai un cri étouffé.

«  Il est là, derrière la colline, »entendis-je crier. Un frisson parcourut mon corps, et tous les habitants partirent à ma poursuite ? C’était une chasse, une chasse à l’homme.

Je courus de toutes mes forces essayant d’échapper au danger. Mes yeux étaient fermés, quand tout à coup je me trouvai suspendu en l’air. Devant moi, s’étaient dressés des monstres de sable ? Derrière moi, riait le vieux maître, et un puissant coup sur la tête me mit à terre. En ouvrant les yeux, je me trouvai dans une petite pièce, sans porte ni fenêtres. L’endroit était éclairé par des centaines de bougies, décoré par de beaux joyaux et des pierres précieuses de toutes formes et tailles. J’essayai de me déplacer. Hélas ! J’étais attaché par de lourdes et énormes chaînes en métal étrange mais très solide et très résistant. Sur les murs étaient gravés des figures de monstres, d’animaux qui m’étaient inconnus ? Mais c’étaient ces noms au plafond qui m’attirèrent le plus. Le mien était gravé en dernier. Sans doute, les autres étaient ceux des personnes qui ont subi le sort que j’allais moi-même subir. Le démon réapparut et éclata d’un rire joyeux.

«  Tu as l’air délicieux, dit-il en me griffant »

Je criais de douleur et il en était content.

A chaque fois, il venait me mordre le cou et me suçait le sang.

« Pourquoi mon dieu ? Pourquoi suis-je condamné ainsi ? Aidez-moi, je vous en prie ! Aidez-moi ! » J’avais perdu dans cet endroit isolé, la notion du temps. Peut-être étais-je là depuis des heures ? Depuis des jours ? Ou des semaines ? Je ne saurais le dire. Désespéré et épuisé, j’aperçus quelques phrases qui n’étaient pas là auparavant et dont l’une disait : «  Seule la haine envers le mal peut le détruire en faisant apparaître la pierre maléfique, l’unique

arme contre ce mal ! » Je ne compris pas grand chose et les mêmes événements se répétèrent jusqu’au moment où le monstre vint à moi et m’informa que c’était la dernière fois que je le verrais, qu’il allait boire le restant de mon sang.

J’allais mourir. Croyez-moi, j’en étais content, content surtout de la fin de ce cauchemar. S’accrochant à mon corps, le démon me mordit de toutes ses forces. Je sentis mes paupières s’alourdir et mes yeux se refermèrent lentement. J’étais proche de la fin. Je rassemblais mes dernières forces pour murmurer : «  Je vous HAIS ! je vous HAIS ! »

J’arrête mon histoire pour vous parler de l’espoir, ce merveilleux sentiment qui donne, qui pousse, qui fait revivre. Je ne l’avais encore jamais senti jusqu’à l’instant où, fermantles yeux, je vis l’image de la chambre où j’étais enfermé equ’au milieu, apparut une pierre noire, luisante et mystérieuse . Je compris alors le sens de la phrase gravée sur le mur.Je sentis une incroyable force monter en moi. Mon potentiel énergétique ne cessait d’augmenter. De tous mes pouvoirs, j’arrachais les chaînes qui m’attachaient. Je pris un sabre près de moi et, en portant le monstre encore attaché à mon dos, je courus et coupai la pierre en deux. Une lumière aveuglante se dégagea. Je ne voyais plus rien.

Cette lueur était si puissante que je n’avais pu la supporter. J’avais mis la main devant les yeux et j’avais tourné la tête. Je vis alors le sable du sahara. J’étais étendu seul sur la terre. Cette lumière était celle du soleil ! J’avais les vieux habits que je portais avant d’arriver à cette ville du malheur.

«  C’était un rêve ! O mon dieu merci ! » Je me levai et sentis une douleur atroce du côté droit de mon cou. Je le touchai, il y avait quelques petites mais profondes blessures : des impacts de dents ! …

«  Etait-ce vraiment un cauchemar ? »

Je partis à la recherche d’une autre ville pour informer la police. On me prit pour un fou et il n’y avait aucun endroit ressemblant à ma description.

 

 

« Tu vois chérie, je t’avais dit que mon histoire paraît imaginaire.

- Mais elle est imaginaire.

- Je t’assure qu’elle est réelle.

-Voyons, cher époux, elle ne peut pas l’être. C’était sans doute un rêve.

-Bon, je n’insiste pas. Allons nous coucher, il est tard. C’est presque minuit. »

… Un mystère ? Evidemment que c’était un mystère. Incroyable mais pourtant vrai …

 

MISSAOUI Bassem, 4ème S2 (1996-1997)
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